Je suis un produit de l’école républicaine.
Pendant mes 25 années d’école, j’ai fait exactement tout ce que l’institution attendait de moi. Pas un cours séché. Pas un devoir rendu en retard.
Tout ça pour que l’ascenseur social me dépose tout en haut. Il m’a emmené tellement haut que j’ai décroché la plus haute mention du plus haut diplôme: les félicitations du jury.
Après ma thèse, j’ai écumé pas mal de stage de formation pour continuer encore et toujours à me perfectionner dans mon métier. A chaque fois, mes formateurs étaient tellement fier de moi. Je faisais tout ce qu’ils attendaient.
Et puis il y a quelques années, je me suis inscrite dans un cours de théâtre. J’ai donc continué avec mes bonnes habitudes d’élève. Je faisais tous les exercices consciencieusement, j’apprenais mon texte en temps voulu (enfin… presque!).
Du théâtre, je suis passé au chant avec des cours particuliers.
Les cours de chant, au début c’est ingrat. Des milliers d’exercices à enchaîner pour une progression lente… J’avais beau essayer d’être une bonne élève, je me faisais chier. Les trois premiers cours, il a fait semblant de ne pas le voir. Et à la fin du quatrième, il m’a demandé d’imaginer que j’étais une petite sorcière qui allait tirer les oreilles des autres en douce. Les cours suivants, j’ai pris la peau de mille autres personnages. Plus les cours et les personnages défilaient. Moins je faisais les exercices techniques à la maison. Moins j’écoutais pendant les cours.
Le coup de grâce a été lorsqu’il m’a dit: « Imagine que tu tires la langue à la maîtresse quand tu chantes ».
Là je crois qu’il a fait sauter tous les verrous de mon statut de bonne élève. A partir de ce jour là je suis vraiment devenue une cancre!
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Merci! J’espère que mon prof de chant ne va pas craquer….!!!
J’adore l’article, le ton et le propos !