C’était il y a presque un an. Elle n’avait pas voulu aller à la soirée Karaoké de la maison de retraite. Elle était grippée et avait préféré se faire une soirée télé avec un bon grog. En zappant de chaîne en chaîne, elle tomba sur les Gypsy King. Elle se rappela qu’elle avait toujours voulu apprendre à jouer de la guitare. Ses camps scouts lui revenaient peu à peu en mémoire. Elle imaginait alors l’été prochain au milieu des bois à faire des feux de camps la nuit venue. Mais il fallait être lucide, Mémé était trop vieille pour aller se casser le dos sous une canadienne.
Lassée des nullités à la télé, Mémé pris son Ipad surfa de Facebook en Instagram puis posta sur Twitter « Débat du soir: pour ou contre partir faire le tour du monde en roulotte ? ». Un de ses 4892 followers mis en réponse une annonce de roulotte à vendre.
Le lendemain, elle en parla à sœur Michèle. Celle-ci lui répondit qu’elle avait entendu sur RCF que le prix des roulottes n’avait jamais été aussi bas. Il fallait donc absolument sauter sur l’occasion. En plus, une roulotte, c’est écologique!
Mémé avait fait faire quelques travaux de rénovation. Sur la porte d’entrée en bois sculptée, une poignée en porcelaine peinte de fleurs du jardin de la maison de retraite avait été installée. Elle avait demandé à ce qu’une alcôve soit construite au fond de la roulotte afin de pouvoir y installer son lit. Madame Ménard avait passé ses soirées à lui confectionner un édredon en plumes et une couverture en patchwork. Au dessus de la vasque pour sa toilette de chat, elle a fait installer un miroir au cadre doré. Les placards de la cuisine avait été peints dans des camaïeux de rouge. Sur le petit guéridon recouvert d’un napperon en dentelle du Puy, deux bougeoirs et une soucoupe pour faire brûler du papier d’Arménie ont été déposés.
Tout était comme elle l’avait imaginée. Il ne restait plus qu’à trouver un cheval pour la faire avancer et la roulotte serait fin prête pour le grand voyage.
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