Lorsque j’étais avec l’ancienne équipe, la réalisatrice avait choisi que la caméra devait être en permanence derrière mon épaule droite; une référence aux documentaires de Bécue-Renard.
L’arrivée du cerf-voliste risquait d’entraîner quelques changements. Le cerf-voliste ayant le même métier que moi, il n’était pas impossible qu’il faille trouver un nouvel équilibre dans les prises de vue.
Le cerf-voliste a le même métier que moi, certes. Mais le cerf-voliste fait 50 cm de plus que moi et 48 cm et demi de plus que le Suricate-Cameraman.
Avant de partir pour le prochain tournage, il nous a donc fallu faire quelques essais pour résoudre ce problème technique.
Première tentative, mettre le Suricate-Cameraman sur des échasses. Et le Suricate-Cameraman chut.
Deuxième tentative, étirer le Suricate-Cameraman. La Suricate-Ingé-Son à un bout, moi de l’autre. « 1, 2, 3, tirez! ». Et le Suricate-Cameraman hurla.
Troisième tentative, empiler le Suricate-Cameraman sur la Suricate-Ingé-Son. Et la Suricate-Ingé-Son se ratatina.
Ultime solution: faire changer d’idée la réalisatrice et la convaincre que la caméra sous les aisselles c’est bien plus avant-gardiste. Après une longue discussion, Réalisatrice était à deux doigts de flancher quand le Suricate-Caméraman s’est à nouveau mis à pleurer. « 2 minutes, je finis la discussion avec Réalisatrice et je te mets du baume du tigre ». A ce moment très précis, il se jeta sur mon épaule droite, l’embrassa fougueusement. et lança « Chérie, fais moi confiance. Je n’aimerai jamais une aisselle droite autant que je t’aime toi ».
Crédit photo: Jean-Pierre Gallot
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