Le récit de l’enfance de Lancelot ne se ponctue à aucun moment de « quand tout à coup », de « c’est à ce moment-là » ou encore de « et soudain ».
L’enfance de Lancelot se contente d’être la répétition infinie d’une situation initiale sans événement perturbateur. Matin, midi et soir, tout se déroule selon le même schéma narratif. Une histoire sans aventure, mais avec un petit garçon qu’on modèle en héros.
Dès l’été précédent son entrée en école maternelle, Lancelot est astreint à la discipline des devoirs de vacances. Il s’applique à tracer des ronds, des lettres, des chiffres, des additions, des produits en croix, des conjugaisons, des équations. Dès son premier jour de classe, le soir à la maison il répète les couleurs, les syllabes, les poèmes, les leçons, les déclinaisons. Dès son premier bulletin scolaire, il est donné en modèle à ses camarades, ses sœurs, son oncle, ses tantes, ses cousins sans oublier les petits voisins.
Le soir, au moment du repas, aucun cas n’est fait de tout ceci. Lancelot se doit d’être un héros. La messe est dite. Inutile de se perdre en bavardage. Et comment laisser s’envoler quelque bavardage quant à chaque diner préside en bout de table les informations diffusées dans la poste de télévision ?
A 10 ans, Lancelot nage sans bouée dans les taux d’inflation, le CAC 40 et la perte de l’élection présidentielle par le parti de Charles de Gaulle.
Vivement l’épisode 2 !