Lettre à Manu : Marlène, les mômes et la formation

Juil 31, 2017

Salut Manu,

Comment vas-tu ?

Moi ça va. Je suis rentrée du Québec il y a quelques temps. Il t’adore là-bas, tu sais ? Ils ont trop kiffé l’idée de Nico d’interdire la vente de voiture qui puent d’ici 2040. Mais ce n’est pas de ça dont je veux te parler aujourd’hui. Plutôt de Marlène. 

Dis donc, elle a pas fondu une durite ? J’ai suivi ces histoires un peu de loin. Il est donc possible que je n’ai pas compris toutes les subtilités de ses annonces. J’espère que tu ne m’en voudras pas et que tu n’hésiteras pas à me faire un petit mot au cas où je me sois fourvoyez dans l’interprétation de ses propos.

Il y a quelques jours – je ne sais plus trop quand exactement, mais c’était au moment où j’avais encore la tête dans le décalage horaire – j’ai regardé Public Sénat et je suis tombée sur Marlène. Elle présentait devant je ne sais pas qui – j’étais en plein décalage horaire, je viens de te dire! – sa solution pour lutter contre l’inégalité femme-homme au travail. Attention roulement de tambour : elle a LA solution! Rapide, efficace! Emballé c’est pesé! Elle va convoquer à une journée de formation les DRH des 10 entreprises françaises ayant les plus mauvaises pratiques en matière d’égalité femme-homme. En une journée, oui, Messieurs Dame, en une journée, une seule, et gratuite en plus, elle va leur permettre de rentrer dans la droit chemin! Mais attention, si une de ces entreprises ne veut pas venir, Marlène a promis non seulement de faire les gros yeux mais en plus de la dénoncer sur la place publique. Qu’on prépare les pierres pour la lapidations!

Donc Marlène qui a tenu pendant des années un blog sur le sujet pense qu’en une journée on change les pratiques. Dans ce cas là, pourquoi n’a-t-elle pas écrit un seul et unique article sur son blog pour expliquer tout ça et régler le problème ? Ah je sais ! En fait elle compte organiser sa journée de formation à Lourdes ! Non, mais sérieusement Manu, tu penses qu’elle croit vraiment en ce qu’elle dit ?

Autre chose qui  m’a profondément agacée : son idée de faire obtenir un CAP Petite Enfance aux parents, notamment ceux sans qualification. Je ne reviens pas les modalités envisagées pour obtenir ce diplôme, j’ai vu que plein de gens l’avaient déjà fait. Ce qui me met hors de moi, c’est qu’elle pense que parce qu’on a un enfant, on a envie de s’occuper des enfants des autres et d’en faire son métier.

Manu, je viens de passer une semaine avec deux gosses, je peux t’assurer que la seule chose dont j’ai envie, c’est de ne plus voir aucun de ces énergumènes pendant plusieurs mois !

Pour en revenir à Marlène, c’est assez étonnant comme idée : d’un côté, elle veut lutter contre les stéréotypes sur le travail féminin et d’un autre, elle, nous balance une mesure bien lourde de clichés ! Et si ses engagements en faveur de l’égalité femme-homme ne concernaient que les femmes hautement diplômées ? C’est juste une question…. histoire de lancer le débat…

A l’occasion d’un déjeuner, peut-être pourrais-tu lui rappeler qu’il existe déjà des mesures pour aider à l’insertion professionnelle des jeunes sans qualification. Tu pourrais peut-être aussi lui dire d’aller passer une journée (puisque ça suffit pour tout changer, une journée!) dans une mission locale pour qu’elle puisse comprendre comment on travaille avec ces jeunes là. Tu pourrais enfin simplement lui glisser que c’est pas parce qu’on a un chat qu’on faut être vétérinaire. Et si elle a un regard dubitatif, pense bien à lui dire, comme le faisait un de mes profs de psychanalyse, « laisse raisonner cette phrase en toi jusqu’à ce qu’elle fasse sens ».

Sinon, toit, comment vas-tu ? Je trouve que tu as une petite mine ces temps-ci ? Tu as prévu de prendre des vacances ?

On essaie de se caler une date pour prendre un café ensemble ? Je viens à Paris le 8 et 9 septembre. Dis moi quand tu es dispo !

Bises

Anne-Lise

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Voilà plus de 15 ans que j’écris des histoires plus ou moins proches d’anecdotes personnelles vécues. Avec les mots, je transforme un quotidien somme toute très ordinaire en épopée digne des plus grands chevaliers.

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