Ceux qui me connaissent ont bien deviné la joie qu’a été pour moi l’annonce du prochain thème de culture générale et expression du BTS : à table ! Chaque jour, je passe un certain nombre d’heures à cuisiner, lire des recettes et regarder des émissions culinaires. Lorsque j’ai annoncé le thème à mes étudiants, que pouvaient-ils dire d’autres que : « Alors, on va faire des repas?! » Oui, nous allons partager des plats. Il nous faudra aussi nous plonger dans des œuvres. J’ai commencé à sélectionner des œuvres à partir de la bibliographie du BO et de ma bibliothèque. Je sais : une année ne suffira jamais pour toutes les explorer en classe. N’hésitez pas à me partager vos références en commentaires !
Sélection de roman « A table! »
Une gourmandise de Muriel Barbery
« C’est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n’en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d’une saveur qui lui trotte dans le coeur, une saveur d’enfance ou d’adolescence, un mets original et merveilleux dont il pressent qu’il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli. Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools… Il se souvient – et il ne trouve pas. Pas encore. »
Une soupe à la grenade de Marsha Mehran
« Trois jeunes sœurs ayant fui l’Iran au moment de la révolution trouvent refuge dans un petit village d’Irlande pluvieux et replié sur lui-même. Elles y ouvrent le Babylon Café et bientôt les effluves ensorcelants de la cardamome et de la nigelle, des amandes grillées et du miel chaud bouleversent la tranquillité de Ballinacroagh. Les habitants ne les accueillent pas à bras ouverts, loin s’en faut. Mais la cuisine persane des trois sœurs, délicate et parfumée, fait germer d’étranges graines chez ceux qui la goûtent. Les délicieux rouleaux de dolmas à l’aneth et les baklavas fondant sur la langue, arrosés d’un thé doré infusant dans son samovar en cuivre, font fleurir leurs rêves et leur donnent envie de transformer leur vie.
Marsha Mehran s’est inspirée de sa propre histoire familiale pour composer ce roman chaleureux et sensuel où la cuisine joue le plus beau rôle. S’y mêlent le garm et le sard, le chaud et le froid, tristesse et gaieté, en une alchimie à l’arôme envoûtant d’eau de rose et de cannelle.
Et pour que chacun puisse expérimenter la magie de la cuisine persane, une recette accompagne chaque chapitre du livre. »
Une pièce montée de Blandine Le Callet
« La pièce montée arrive, sur un plateau immense porté par deux serveurs. Vincent voit osciller au rythme de leur marche cette tour de Babel en choux à la crème, surmontée du traditionnel couple de mariés. Il se dit : C’est moi, ce petit bonhomme, tout en haut. C’est moi. Il se demande qui a pu inventer un gâteau aussi ridicule. Cette pyramide grotesque ponctuée de petits grains de sucre argentés, de feuilles de pain azyme vert pistache et de roses en pâte d’amandes, cette monstruosité pâtissière sur son socle de nougatine. Et ce couple de mariés perché au sommet, qu’est-ce qu’il symbolise, au juste ? »
Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa
« Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d’embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu’elle lui a fait partager.
Magnifiquement adapté à l’écran par la cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal. »
Ensemble, c’est tout d’Anna Gavalda
« Et puis, qu’est-ce que ça veut dire, différents ? C’est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes… Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’est leur connerie, pas leurs différences… » Camille dessine. Dessinait plutôt, maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge Franck, cuisinier de son état, dont l’existence tourne autour des filles, de la moto et de Paulette, sa grand-mère. Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l’idée de mourir loin de son jardin. Ces quatre-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l’amour – appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c’est la théorie des dominos, mais à l’envers. Au lieu de se faire tomber, ils s’aident à se relever. »
Contes et nouvelles « A table! »
Histoires de bouches de Noëlle Chatelet
« Une vieille dame qui rate sa blanquette, un haricot qui germe dans le nez d’une fillette, un bébé qui tète sa chienne, une femme qui refuse de manger, une autre qui se fait ogresse, un cannibale malgré lui… Autant de récits inspirés de faits réels, où la nourriture est prétexte à dévoiler ce qui se cache en chacun de nous, où la nourriture devient langage. Comiques, tragiques, tragi-comiques, il y en a pour tous les goûts, y compris pour les gourmands de littérature. »
Premières gorgées de bières et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm
« C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes – une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n’est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés – tout près, contre l’évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher. Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l’intérieur, paisible, familière. On parle de travail, de projets, de fatigue – pas de psychologie. »
Les lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet
« Le Nord de la France, noyé dans les brumes, ignorait le Sud. Alphonse Daudet le lui fit découvrir par ses Lettres de mon moulin. La Provence, celle de la mer et celle de la montagne, est apparue soudain avec ses troupeaux, ses belles Arlésiennes et ses parfums.
Un siècle plus tard, maître Cornille et son secret, la mule du pape qui retient son coup de pied, le curé de Cucugnan, le sous-préfet aux champs, tous ses personnages vivent encore avec la même intensité. Tristes ou gais, mélancoliques ou satiriques, ces petits textes sont des chefs-d’oeuvre de malice, de poésie et d’émotion. »
Essais « A Table! »
961 heures à Beyrouth de Ryoko Sekiguchi
« Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n’avait d’autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression ? » Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d’un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d’une ville, dont la riche culture se nourrit des personnes qui y vivent. Grâce aux histoires que les Beyrouthins lui ont racontées, l’autrice « fait revenir » – comme des oignons dans une poêle – un passé heureux qu’elle tente de préserver de l’oubli. »
La cuisine juive à New-York d’Annabelle Schachmes
« Vous pensiez tout savoir sur le pastrami, les bagels, la babka et les autres spécialités culinaires juives new-yorkaises ? Vous réaliserez avec ce livre que leurs histoires ne sont pas forcément celles que vous imaginiez ! Mais vous allez surtout découvrir à quel point la ville de New York a été un véritable laboratoire de transformations gourmandes pour ces recettes venues d’ailleurs. »
Casseroles, amour et crises : ce que cuisiner veut dire de Jean-Claude Kaufman
« La table est le petit théâtre des familles, avec ses jeux de rôles, ses répertoires imposés (raconter sa journée), ses délices et ses crises. Car le face à face rapproché provoque le meilleur comme le pire. Quelquefois même la fuite : la discipline collective est refusée par le mangeur-grignoteur épris de liberté. La table est une épreuve de vérité, qui dit l’état exact des relations conjugales et familiales.
L’auteur entraîne le lecteur vers les coulisses : la cuisine. Il pénètre dans la tête du chef, au plus intime de ses pensées contradictoires. Se débarrasser de la corvée ou réaliser des merveilles ? Question difficile car il ne s’agit pas seulement de faire à manger mais de fabriquer du lien social, de l’amour.
Jean-Claude Kaufmann nous montre comment, de façon étonnante, la famille se façonne avec les mains… Il croise, à sa manière inimitable, témoignages vivants (dans lesquels chacun peut se reconnaître) et analyse serrée, nourrie d’une érudition historique jamais indigeste, sans oublier sa plume savoureuse, un régal! »
Films « A table! »
L’aile ou la cuisse de Claude Zidi
La cuisine au beurre de Gilles Grangier
La passion de Dodin Bouffant de Trần Anh Hùng
Délicieux de Eric Besnard
Les bandes dessinées « A table! »
La Vie gourmande d’Aurélia Alarcon
Dans cette nouvelle autobiographie culinaire, Aurélia Aurita relate ses expériences au Japon, dans les Vosges ou à Paris… Des cuisines d’un fast food à celles d’un trois étoiles, du marché en plein air aux brunchs du dimanche, d’histoires courtes en passions romantiques et amicales, l’autrice nous entraîne dans une quête épicurienne de sens et de sensations !
Et tout en empruntant les chemins du goût et de l’intime, Aurélia Aurita fait le récit d’un drame personnel : un cancer qui va bouleverser son quotidien… mais qui jamais ne triomphera de l’instinct de plaisir et de gourmandise qui circule tout au long du livre.
Comment nourrir un régiment d’Etienne Gendrin
« Un peu bourrue, mais toujours attachante, cette femme de caractère règne depuis des décennies sur le point de ralliement de sa -très- nombreuse famille : la cuisine ! Sous les pinceaux éminemment intéressés de son petit fils, elle révèle pour la première fois ses recettes fétiches et évoque au passage bien des souvenirs, tour à tour drôles, incongrus ou émouvants. »
La faim de l’histoire d’Alfonso Aitor et Jul
Manger avec Jésus et les Apôtres, manger au festival de Woodstock, dans les plantations de coton au temps de Scarlett O’Hara ou chez les Aztèques à Mexico à l’arrivée des Conquistadors… : c’est toute l’Histoire du monde qui défile dans notre assiette avec cet album aussi drôle que savant.
Ce prisme de la gastronomie permet d’aborder avec un point de vue extraordinaire la destinée de nos ancêtres, leurs pensées, leurs passions… Des périodes les plus tragiques aux siècles les plus glorieux, ce que l’on trouve sur la table de chacun raconte mieux que quiconque l’aventure de l’humanité.
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