Après une semaine où certains ont cru que j’étais un paillasson sur lequel ils pouvaient essuyer leur impolitesse et leur incompétence, me voilà hier soir dans la bagnole direction Nevers. J’allais continuer ma phrase en enchainant sur un week-end avec plein de vieux de la belle-famille que je n’ai jamais vus et que je ne reverrai jamais. Mais ça aurait vraiment fait une phrase beaucoup trop longue.
Bref vous aurez compris l’idée. Après une semaine pourrie, en route pour un week-end sur le même ton.
En plein milieu d’une route nationale interminable surgit, l’air de rien, l’info qui va déclencher un burn-out chez toutes les mères qui ont survécu au confinement et à la continuité pédagogique : « Pap Ndiaye annonce qu’il n’y aura « pas école le matin » en cas de délestage. »
Donc à partir de maintenant, tous les soirs à 17 h, nous allons nous ruer comme des hystériques sur le site de Enedis priant Ganesh, Shiva, Parvati, Vishnou, Brahma et tous les Dieux qui veulent bien prendre pitié pour notre sort de femelle pour savoir si le lendemain matin la chaire de notre chaire aura ou non école.
En cas d’annonce de non école, je conseille à toutes les personnes n’ayant pas d’enfant scolarisé de ne pas s’approcher d’un supermarché.
Car s’il n’y a pas école nous allons toutes débarquer dans une furie démoniaque chez Inter, Carrefour et Auchan pour avoir de quoi faire bouffer les morveux, le fameux lendemain sans école. Bien entendu, certaines d’entre nous sauront mieux que d’autres gérer leurs pulsions dévastatrices. Certes, elles hurleront à la mort devant le site d’Enedis mais partiront fissa chez Picard faire le plein de mal bouffe pour faire face aux longs mois de calvaire.
Une fois l’organisation de ce besoin bassement matériel, nous enchainerons notre marathon en nous ruant sur notre agenda. Comment faire rentrer des carrés dans des ronds? Comment annuler sans annuler tout en gardant la face nos rendez-vous professionnels du lendemain? Comment annoncer pour la 47ème fois du mois qu’on va encore devoir changer les plans?
Cet exercice de diplomatie plié, une dernière épreuve nous attendra : la fucking continuité pédagogique.
Oui, car on se doute bien que l’école ne va pas nous ménager.
Bien entendu, il va nous falloir reprendre notre rôle de prof et faire l’école à la maison.
Évidemment, même après l’épreuve covid, les profs continueront à faire comme ça les arrange. Celui de math mettra son cours sur école direct, celui d’histoire aura prévu quelque chose au cas où dans le cahier, celui d’art plastique aura envoyé une vidéo par mail et celui de physique chimie attendra qu’on trouve son QCM dans un drive. Sherlock Home barre toi de là! Les mères arrivent et mènent l’enquête.
Nous voilà donc à 23 heures dans un état d’épuisement nerveux rarement atteint. Demain à 9 h, le pire viendra : garder son calme avec les mômes.
Lorsque j’ai balancé l’info sur le WhatsApp de mon groupe d’entrepreneures, 5 secondes après Nathalie envoyaient toutes les promos qu’elles avaient repérées sur l’alcool.
Si nous arrivons à ne pas finir sous antidépresseurs, nous finirons alcooliques.
Bonne chance à toutes! Et joie dans les cœurs !
Je crois que j’hallucine ou que je suis désespérée ou que je suis en colère ou que je suis triste ou que j’ai l’impression que l’on se fout de la gueule (oui, je suis vulgaire) des enfants, parents, travailleurs indépendants qui vont donc subir les décisions d’une personne ultra éloignée des réalités de la vie quotidienne. Bien qu’outrée, révulsée et tout et tout, je te félicite pour cet article si bien écrit !