Quand je suis devenue crapaud, j’ai dû réseauter

Déc 27, 2022

Voilà quelques jours que je rumine mon éventuelle rétrospective de 2022. Durant plusieurs années, je les ai réalisées sous la forme d’une liste de 10 mots. Là, je bloque. Si j’en ai 3, c’est le bout du monde. J’ai donc demandé sur Instagram l’avis de mes followers. Est apparu le mot réseautage.

Vu le temps qu’il me prend depuis 5 ans, je me dis qu’il mérite bien un article rien qu’à lui.

La princesse devenue crapaud

Pour ceux qui auraient eu la drôle d’idée de lire cet article sans avoir lu tout ce que j’ai pu écrire depuis 2006, je me vois dans l’obligation de préciser que je suis à compte depuis 2010.

Avant cela, j’ai eu quelques contrats d’enseignante-chercheure. Puis, pendant trois ans, j’ai goûté à l’amertume du salariat.

En 2010, je m’en vais surfer sur le site de l’URSSAF pour obtenir mon premier numéro SIRET. À cette époque, j’étais formatrice-consultante. Je faisais tout un tas de trucs autour de mes sujets de thèse à savoir l’illettrisme.

Au moment où je me lance, je suis connue déjà dans mon secteur grâce à mon ancien statut de chercheure. Globalement, les clients viennent plus ou moins tout seuls.

En 2016, j’en ai ras la casquette de ces histoires d’illettrisme. Virage à 180°. Fini la misère sociale. Vive la com marketing. Ou comment passer de « Peuple de gauche, lève-toi » à « et si je votais Pécresse?« 

Hormis ce revirement de positionnement politique, une autre vérité est venue toquer à ma porte. L’heure de la prospection avait sonné. Personne ne m’attendait sur mon nouveau métier de rédactrice marketing. C’était à moi d’aller chercher le client.

Tous les jeudis à 6 h 45

Même si jusqu’à 2016 j’étais une princesse et que je n’avais jamais eu à me rabaisser aux basses tâches de la vente, je savais quand même qu’une technique était absolument indispensable dans ma ville : le networking.

Lyon est une ville bourgeoise et fermée. Impossible de développer son activité sans faire partie d’un réseau.

Un jour, ma copine Sandrine m’appelle. Un nouveau réseau était en train de se créer à une minute de chez moi. Elle a bien envie de tester et veut me traîner avec elle.

Certes ce réseau est à une minute de chez moi, mais à 6h45, du matin… évidemment. « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt« 

À cette époque, même si je savais qu’il fallait faire du networking, je ne me voyais pas du tout me pointer dans un groupe de personnes que je ne connaissais pas pour leur parler. Rappelez-vous : pendant des années, j’étais une princesse. Le peuple venait à moi pour me dire que j’étais formidable et implorer mes bons conseils.

Je me sentais alors crapaud. « Mais si Sandrine vient, je peux le faire. »

Finalement, je ne sais plus pourquoi, Sandrine ne vient pas. J’y vais seule.

Je survis.

Les gens sont gentils. La réunion est formatée made in Américain. C’est rythmé, efficace, orienté business. OK. J’adhère. Je fais un chèque de 1500€.

2 ans trop matinaux

Pendant deux ans, tous les jeudis à 6h45, je participe aux réunions de ce réseau. Le principe est « qui donne reçoit (des euros) ». Tout est tracé. Pas moyen de se défiler. Il faut apporter du chiffre d’affaires aux autres membres sinon panpan cucu.

Me lever très tôt chaque jeudi ne suffit donc pas. Pour pouvoir apporter des recommandations, il me faut étendre encore et encore mon réseau. Me voilà donc partie à participer à des networkings en soirée.

Alors que le jeudi matin tout est très structuré, les soirées le sont beaucoup moins. Le principe : des associations d’entrepreneurs organisent des apéros. Un verre dans une main, un petit four dans l’autre, il faut aller voir le plus de monde possible pour discuter et espérer dégoter un nouveau client.

Si on m’avait dit qu’un jour j’aurais été capable d’aller accoster un total inconnu pour copiner avec, je n’y aurai jamais cru. Et pourtant… je l’ai fait!

Évidemment, au début, je ne suis pas allée seule à ces soirées. Avec mes petits amis du jeudi matin, on se donnait rendez-vous à tel ou tel événement. Et puis un jour, j’ai fini par y aller seule. À force d’écumer ce type de soirée, je finissais toujours par tomber sur quelqu’un que j’avais déjà rencontré. J’étais à présent capable de parler à n’importe qui de n’importe quoi.

Pause

Après deux années à ce rythme infernal, j’ai entrepris une pause. Bye-bye le jeudi matin et mollo mollo les soirées. Pour faire entrer du chiffre d’affaires, je vivais sur mes acquis. Cette période de pause a coïncidé avec la période covid. Toutes les cartes ont été rebattues. Les codes ont changé.

La présence à un réseau physique est devenue moins importante. Les relations en ligne se sont accrues.

Remonter à cheval

Dans cette période de pause, j’ai maintenu mon chiffre d’affaires. J’avais quand même pour objectif de continuer ma croissance. N’ayant pas une boule de cristal, je ne pouvais savoir si ces changements seraient durables. Aussi, dans le doute, je me suis à nouveau penchée sur la question du networking.

Les réunions du jeudi matin m’avaient permis de générer beaucoup de chiffres d’affaires. Les soirées petits fours aucun.

Alors quand par un beau jour de décembre je reçois un message me proposant d’adhérer à un réseau comme celui du jeudi matin, j’ai sauté sur l’occasion.

Dans ce nouveau réseau, les contraintes sont moindres. Les réunions se déroulent les vendredis midi, une semaine sur deux. Le coût de l’adhésion est beaucoup moins important. Pas de flicage pour savoir si tu as ou non apporté des clients aux autres. Une plateforme nationale permet de contacter tous les membres. Des événements en lignes sont organisés pour stimuler ces changes.

Le seul bémol à ce moment-là pour moi : il s’agit d’un réseau réservé aux femmes. Toute forme d’exclusion avait tendance à m’irriter. Pourquoi donc avoir besoin de se retrouver « entre nous » (expression très souvent reprise par les membres) ? En quoi la présence d’hommes peut bien empêcher le développement du business des femmes?

La découverte de l’entrepreneuriat féminin

Qu’elle ne fût pas ma surprise lorsque j’ai animé pour les membres de mon cercle un atelier sur le pitch! Je découvre que ces femmes – bien souvent diplômées de l’enseignement supérieur – n’osent pas porter leur parole dans un groupe. J’avais, bien entendu, déjà lu des enquêtes à ce propos. Mais j’étais assez septique.

Là, de voir de avant moi, en action, ce que les enquêtes mettaient en avant, a réveillé la militante en moi.

C’est donc d’abord par militantisme que je suis restée dans ce cercle.

Parce que côté business, il a fallu attendre une année avant que ça me rapporte (beaucoup).

Les membres de mon cercle étaient pour beaucoup de très jeunes entrepreneurs. Elles n’avaient pas tous les codes et surtout pas de réseau à qui recommander mes services.

Sur la plateforme nationale, il m’a fallu d’abord comprendre son fonctionnement. Puis je me suis, à nouveau, retrouvé avec beaucoup de jeunes entrepreneures et beaucoup d’entrepreneures aux projets exotiques. Je vous passe toutes les coaches qui ont les recettes miracles pour accéder au bonheur et à l’abondance. Je suis un jour tombée sur une entrepreneure qui parle aux animaux disparus…

Mais à force de persévérances (et beaucoup d’humour), j’ai fini par rencontrer des entrepreneures plus chevronnées avec de vraies visions business. Tous ces efforts ont fini par payer.

Mon compte en banque a chaud au cœur. 

Anne-Lise

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4 Commentaires

  1. J’ai vraiment aimé lire cet article ! Merci pour ton partage expérience. Le réseautage ressemble à un bien vilain mot, mais tu l’as rendu bien plus doux avec ton retour 😉

    Réponse
    • J’ai juste omis de dire que depuis je ne peux plus me voir en peinture les petits fours et les mini-viennoiseries. Impossible de networker sans les voir!

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  2. Hormis la rentabilité que je n’ai pas encore trouvée dans les réseaux, je me retrouve beaucoup dans ton parcours. Et tu aurais même pu évoquer celui où il était question de partager un déjeuner dans un restaurant lyonnais. Il avait l’avantage de se régaler à midi !

    Réponse
    • C’est vrai! et comme à chaque fois que je repense à ces déjeuners, je me dis qu’il faudrait que j’en organise…
      Il y a un autre truc hyper important que je n’ai pas précisé. La grande majorité de mon CA réseautage vient de personnes avec lesquelles j’ai déjeuné au moins une fois.
      Moralité : vive les resto!

      Réponse

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Voilà plus de 15 ans que j’écris des histoires plus ou moins proches d’anecdotes personnelles vécues. Avec les mots, je transforme un quotidien somme toute très ordinaire en épopée digne des plus grands chevaliers.

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