Ah les déplacements ! Quel casse-tête infernal !
Pendant très longtemps, je n’ai pas vraiment eu besoin d’une voiture. Habitant en plein centre-ville de Lyon, l’essentiel de mes trajets se faisait en transports en commun. Les week-ends, je délaissais bus et métro pour la liberté de la marche à pied. Quel bonheur de me mouvoir à mon rythme dans ma ville !
Lyon fut la première ville à accueillir les vélos en libre-service. Je n’ai pas été sensible à l’appel des sirènes ; l’absence de pistes cyclables étant la principale cause. Je trouvais ça vraiment très dangereux de faire du vélo à Lyon.
Et puis j’ai dû quitter mon si cher centre-ville pour m’installer en banlieue. Oh pas très loin ! Juste à 6 kilomètres…
6 petits kilomètres. 6 tout petits kilomètres qui étrangement, le matin, deviennent 6 gigantesques kilomètres. 6 kilomètres à 8 h de matin, c’est une heure et quart dans les bouchons. Voiture ou transports en commun, même combat. 6 kilomètres, une heure et quart. Chaque matin.
Mais bonne nouvelle, 6 kilomètres dans le sens du retour en fin d’après-midi c’est seulement 30 minutes en voiture ! et 25 euros de parking…
Prenons alors les transports en commun ! 6 kilomètres aller : une et quart. Et 6 kilomètres retour : juste 55 minutes. Le tout avec le plaisir immense d’être en permanence sur ses gardes pour ne pas être victime de pickpockets ou autres frotteurs. Rassurez-vous pour conserver un peu de magie à mon histoire, je jette un voile pudique sur tout un tas les autres désagréments d’ordres olfactifs et auditifs.
10 ans à ce rythme. Je n’en peux plus. Je suis à bout. Et si je me mettais au vélo.
Au vélo… pfff…
Ma sensibilité postérieurale me fait détester ce véhicule.
Mon peu d’engouement pour les activités à haut risque me fait haïr la bicyclette.
Mais voilà, un soir d’insomnie j’ai calculé le nombre de semaines que j’ai passé depuis 10 ans coincée dans une bagnole ou dans un bus.
Résultat des calculs : 24 semaines, soit un peu plus de 6 mois.
Alors la semaine dernière, j’ai décidé de tenter l’expérience ultime.
La semaine dernière, je me suis déplacé en vélo dans l’agglomération lyonnaise.
Lors des premiers trajets, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux.
Les pistes cyclables sont certes plus nombreuses qu’il y a 10 ans, mais celles-ci sont tracées de manière totalement irrationnelle.
Parfois sur des files de bus, parfois s’arrêtant en plein milieu d’une grande avenue, parfois à contre-sens de la circulation…
Et contrairement à ce qu’un novice pourrait penser, sur les pistes cyclables il n’y a pas que des vélos. Tout ce qui roule ou marche se retrouve sur ce petit espace d’environ un mètre de large.
Un soir, j’avais rendez-vous dans le vieux quartier pour dîner. Comme je vous le disais, risquer ma vie n’est pas mon truc. Après le cauchemar qu’avaient été mes premiers trajets en vélo, ce soir-là, j’ai failli le laisser au garage pour retourner me mêler à la foule des transports en commun.
Mais je me suis ressaisi ? Je me suis souvenue de ces rencontres peu charmantes les soirs dans le métro. J’ai alors enfourné mon cheval mécanique !
En chemin, j’ai repéré une cycliste alerte. Je sentais qu’elle savait déjouer tous les pièges maléfiques de la route.
Je l’ai suivi. Je l’ai observé. Je l’ai imité.
J’ai slalomé entre les nids de poules, j’ai évité une dizaine de trottinettes électriques, j’ai klaxonné pour faire dégager un piéton. J’ai pris un sens interdit. J’ai grillé un feu rouge, puis deux, puis trois, puis tous les feux rouges ! La foule en délire applaudissait à mon passage. Arrive à bon port, je me roulais par terre de joie ! Record battu ! 6 kilomètres, 20 minutes ! VIVA LA BICYCLETTA !
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