Si j’ai fait partie des cinglés qui se précipitaient pour regarder la première émission de téléréalité Loft Story au début des années 2000, j’ai par la suite peu visionné ce type de programme. Lorsque j’ai vu les bandes-annonces de Qui veut être mon associé?, j’ai assimilé ce programme à cet univers télévisé. Je n’allais donc pas en faire cas.
L’année dernière, coincée dans les embouteillages, je tombe au milieu d’une émission radio qui parle d’entrepreneuriat. Pour une fois, j’entendais quelqu’un qui parlait vraiment de ce qu’était la vie d’entrepreneur : beaucoup de cogitations à 3 heures du matin et les perpétuelles montagnes russes émotionnelles. A la fin, je comprends que la personne interviewée était un des participants à Qui veut être mon associé ?
Quelques jours après, me voilà vautrée dans mon canapé à regarder le replay de la saison 2. J’ai adoré. Ce programme est une mine d’informations et d’inspirations.
Le principe
Des entrepreneurs viennent pitcher leur entreprise afin de convaincre un ou plusieurs des 5 investisseurs d’entrer de leur capital.
Dans la réalité, chaque entrepreneur pitch et échange pendant 45 minutes à 1h30. Dans l’émission, 20 minutes sont consacrées à chaque projet.
Il est donc important de garder en tête qu’il s’agit d’un montage, parfois au service du storytelling et de l’audimat.
Entre chaque projet est diffusé un portait d’un des investisseurs. À chaque épisode, les sujets abordés dans les portraits changent.
Le debrief E1S3
Avant d’entrer dans le vif du sujet, deux points négatifs :
- Je l’ai regardé en replay. La quantité de pub était impressionnante, voire insupportable.
- Dans le montage, il y a parfois eu des coupes un peu brutales.
Emilie Bernier – Détective box
Son projet : des box ludiques de résolution d’enquêtes
Si vous n’êtes pas à l’aise avec la prise de parole à l’oral, je vous invite à regarder sa posture physique. Elle est parfaite : un bon ancrage dans le sol qui lui permet de garder son énergie tout le long de son intervention.
J’ai aussi beaucoup aimé le storytelling de l’histoire de son entreprise. Je retiens une phrase
« Si vous voyez ce que j’ai réussi à faire avec 100€, ça vous donne une petite idée de ce que je vais pouvoir faire avec 100 000€ »
Une manière maline de convaincre son auditoire.
Cette présentation m’a aussi fait découvrir un métier. « Game designer : personne qui conçoit et écrit des jeux. »
Mais pourquoi aucun conseiller d’orientation ne m’en a parlé????
Portrait d’Isabelle Chevalier – Investisseuse
L’émission me semble essayer de respecter la parité femme-homme. Comme à la saison précédente, les femmes investisseuses sont moins nombreuses. Ceci est le reflet du monde de l’entrepreneuriat. Seule 30% des entrepreneurs sont des femmes. Au niveau des investisseuses, je pense que c’est beaucoup moins.
Lorsqu’Isabelle Chevalier présente son parcours, elle commence par le mot résilience. Tout au long de l’émission on verra que c’est un thème qui est repris fréquemment par les investisseurs.
Etre entrepreneur, ce n’est pas cool. Contrairement à ce que beaucoup de structures types incubateur ou coopérative d’activité essayent de nous faire croire, être entrepreneur ce n’est pas fun et facile. Etre entrepreneur c’est se prendre de gros gadins, se relever et avancer.
Enfin elle explique qu’elle choisit les entreprises dans lesquels elle investit selon ses propres valeurs. Là encore, les valeurs sociétales sont un des fils conducteurs de l’émission.
Thibault Louvet et Jean de Boisredon – Caps me
Ces deux élèves ingénieurs ont développé une capsule de café réutilisable. Ils ont déjà fait un très beau chiffre d’affaires. À présent, ils veulent pouvoir industrialiser leur produit en France.
Ce que j’ai aimé, ce sont les questions des investisseurs autour de leur business model. Leurs préoccupations est de savoir si cette entreprise sera pérenne et pourra se développer. Assez rapidement, ils proposent des pistes de projection, notamment autour du marketing.
Dans cette séquence (comme dans d’autres) j’ai beaucoup apprécié la complicité entre les investisseurs. Etre entrepreneur, c’est être tous dans le même bateau. J’en ai déjà parlé 1000 fois avec mes business copines. Lorsqu’on est entrepreneur, on a rapidement l’impression de vivre dans un monde différent des salariés. Un monde avec certes des montagnes russes émotionnelles. Mais un monde avec une certaine entraide.
Portrait d’Anthony Bourbon – Investisseur
C’est peut-être l’investisseur avec lequel j’accroche le moins. Je pense que c’est dû montage orienté storytelling et audimat. Dans une histoire, il faut des méchants. Le montage met en exergue certaines de ses phrases qui peuvent paraitre tranchantes sortie du contexte. Sur le fond, je trouve ses propos intéressants. La phrase que je retiens :
« L’entrepreneuriat fait partie de notre quotidien. »
Il ajoute qu’il cherche à faire passer un message d’espoir pour motiver des gens à se lancer. Il endosse un très beau rôle de modèle d’identification.
Comme la précédente investisseuse, il parle de l’importance pour les entrepreneurs d’être résilient et courageux.
« L’écosystème global est en train de trembler. »
Qu’on le veuille ou non, 2023 va être une montagne à franchir. Je trouve son discours motivant pour affronter ce qui nous attend.
Julien Guéry – Erode
Cet entrepreneur a développé un sac à dos pour les motards. Sa technologie est unique. Son sac a une très forte capacité d’absorption des chocs. Il permet de réellement protéger la colonne vertébrale des motards en cas d’accident.
Dans le portrait, Julien Guéry explique toutes les épreuves pour monter sa boite. Aujourd’hui, son entreprise est en redressement judiciaire. Il cherche comment faire survivre son projet.
Cette séquence illustre ce qui a été dit dans les portraits d’investisseurs autour de la résilience. Julien Guéry va devoir entreprendre ce parcours de résilience avant de pouvoir lever des fonds. Aucun investisseur ne va aller sur son projet. En revanche, les conseils qu’ils lui donnent sont précieux. Les investisseurs lui donnent des pistes de solutions à la fois sur le plan personnel et à la fois en termes de business.
Ce témoignage illustre la difficulté de monter une entreprise. Il vient aussi rappeler combien il est encore plus difficile de se sortir un salaire de son activité.
Grégoire Dorget – My pada
Dans le reportage précédent son pitch, je suis partie loin… très très loin. Je me suis imaginée en Pocahontas. Je courais pieds nus dans la forêt et sautais par dessus les rivières accompagnées de mon pada, un petit oiseau.
Le pitch et le feedback de l’investisseur Marc Simoncini m’ont sorti de mon rêve : comment peut-on vouloir développer un business basé sur la vente d’êtres vivants? Dans une envolée pleine de passion, Marc Simoncini tente de conclure en disant :
« ce n’est pas le sens de l’histoire »
À nouveau ce qui m’a pu, c’est la mise au centre de valeurs sociétales. Dans la prise de parole de Marc Simoncini, on voit clairement qu’il habite son discours. Ses valeurs font réellement partie de son projet d’entrepreneur. Il ne s’agit pas d’un discours vide de sens.
Pour ceux qui aiment décortiquer les relations conflictuelles, je vous conseille le visionnage de cette séquence. Grégoire Dorget tente de reprendre la main et de s’imposer en tutoyant Marc Simoncini alors que ce dernier le tient à distance avec le vous. Anthony Bourbon vient soutenir la position de Marc Simoncini en recentrant l’échange sur un autre axe : le business model.
Le portrait Marc Simoncini – investisseur
Je suis tombée amoureuse de lui lors de la saison 2. Je me suis fait une raison : cet amour restera platonique et unilatéral. En effet, je l’ai croisé lors d’un salon. J’ai fait ma timide. Je ne suis pas allée lui parler. Bon en même temps, je n’allais pas lui dire « Vous êtes vraiment trop chou ».
De son portrait, je retiens les phrases suivantes:
« Ma responsabilité est d’expliquer aux jeunes que la mauvaise raison pour se lancer dans l’entreprenariat c’est de vouloir être riche. »
« Il faut essayer d’être riche sans casser le monde dans lequel on vit. »
Peut-être que si je le recroise après la 476e saison, j’oserai aller lui dire bonjour.
Jean-Sébastien et Marine Schils – La paille d’O
Leur projet : produire et vendre des pailles de seigle bio
Ce projet met la lumière sur la nécessité pour les agriculteurs de développer une activité diversifiée. J’ai beaucoup aimé l’écriture de leur pitch. Il présente vraiment les enjeux de leur projet et leur personnalité. Comme l’a fait remarquer Anthony Bourbon, leur pitch était un peu récité. Mais on leur pardonne, car leur projet, leur histoire et leur texte étaient très justes.
Des investisseurs leur ont fait une proposition financière. D’après les réseaux sociaux, leurs ventes ont explosé après la diffusion de l’émission. Hâte de savoir comment ils vont réussir leur croissance.
En conclusion
Je continue d’adorer cette émission. Il y a de fortes chances que tous les jeudis midis, je sois devant le replay.
Si vous voulez que je débrief les autres épisodes, dites le moi.
Purée, à cause de toi, je vais certainement la regarder cette émission…
Mais ça fait déjà 1000 ans que je t’en parle!