41 % des étudiants rapportent une dépression modérée à sévère, selon Mélissa Macalli, chercheuse en épidémiologie à l’Université de Bordeaux.
Une enquête réalisée en 2022 par le LDME révèle que près de :
- 70 % des étudiants interrogés se trouvent en situation de mal-être.
- Parmi eux, 69 % ont tendance à se dévaloriser,
- et 36 % déclarent avoir des pensées suicidaires.
Quand les étudiants sont empêchés de penser
Des allers-retours fréquents aux toilettes, des sessions interminables de scrolling sur les réseaux sociaux pendant les cours, des étudiants qui s’endorment, voilà à quelles attitudes beaucoup d’enseignants du supérieur sont confrontés.
Les étudiants déploient mille et une astuces pour éviter de penser, comme l’explique justement Serge Boimare dans son ouvrage « Ces enfants empêchés de penser«
Penser est angoissant. Il faut se confronter au doute, ne pas être assurer d’avoir la bonne réponse, de faire des liens entre le monde intérieur et le monde extérieur. Or, le monde extérieur est anxiogène et instable. Au vu des chiffrés présentés en introduction, leur monde intérieur ne semble pas beaucoup plus rassurant.
Adapter les Pratiques Pédagogiques
Face à cette situation, il est nécessaire de modifier les pratiques pédagogiques.
Arriver en salle avec un PowerPoint de 200 diapositives et délivrer son savoir ne fonctionne plus. Les étudiants ont la tête pleine de doute. Impossible pour eux de se concentrer et d’incorporer ce savoir.
Se lamenter sur le fait que les étudiants sont passifs et qu’ils ne travaillent plus en dehors des cours ne sert à rien. Comment en étant seul chez eux, peuvent-ils arriver à se dégager de ce trop-plein d’inquiétude ? Pour les faire taire, pour trouver du réconfort, rien de tel qu’une bonne dose de dopamine avec les réseaux sociaux. Oui, le contenu est abrutissant, mais il fait taire les tourments.
C’est donc bien en classe que ça doit se jouer, en classe que nous pouvons les remettre en mouvement de pensée. Face ces chiffres alarmants, il est crucial de donner aux étudiants les moyens de prendre conscience de leurs compétences, de soutenir leur confiance en soi et leur estime de soi.
Dans ma classe
Dans mes cours de culture générale auprès des étudiants en BTS, je mets de côté le programme classique. Inutile de toute façon, car ils ne sont pas encore prêts.
Depuis quelques semaines, je reprends la proposition de Serge Boimare autour de la lecture de textes fondateurs, des textes capables de réveiller leur curiosité.
Je leur lis ces textes à voix haute, puis nous avons un temps d’échange oral. Ensemble, nous résumons l’histoire, nous osons des interprétations et écoutons celles des autres. Nous argumentons, confrontons nos points de vue dans un cadre sécurisant et stimulant. Enfin, un temps à l’écrit permet de mettre sur le papier leurs pensées, de les linéariser et de les organiser, ce qui, de fil en aiguille, contribue à structurer leur monde intérieur.
Je ne sais pas encore si c’est la solution miracle. Mais ce que j’observe en corrigeant les copies, ce sont des phrases qui ne partent plus dans tous les sens, des paragraphes qui s’enchainent de mieux en mieux et des liens qui se font avec les films et les livres que je leur propose.
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