Ecriture d’été : jour 9

Juil 25, 2022

La métamorphose des parisiens

Ma première semaine en Bretagne s’est donc déroulée vers la presqu’ile de Quiberon ; très précisément à Erdeven.

J’ai eu beau chercher, pas de Parisiens à l’horizon. Pourtant, j’en avais aperçu quelques-uns sur la fameuse aire d’autoroute qui n’aiment pas mon chien.

Pour la deuxième semaine, une cabane nous attendait à heure de là dans les terres. Sur le trajet, l’île aux moines que nous décidons de visiter.

Eux et le reste du monde

A peine un quart d’heure de traversée. Le voici, les voilà! Tous regroupé sur ce caillou! Pas un petit provincial à l’horizon. Des Parisiens, des Parisiens et encore des Parisiens.

Alors même que l’hypothèse qu’ils vivent pour la majorité dans des arrondissements proches du périph ou pire (!) en banlieue est élevée, sur l’île au Moine on les croirait tous sortis de Saint-Germain-des-Prés.

Saint-Germain-des-Prés, je connais par cœur. Lors de voyages à la capitale au début des années 2000, j’ai eu tout le temps d’observer en anthropologue ces habitants. J’ai recueilli tellement d’informations à leur sujet que j’aurai pu en faire le sujet de ma thèse.

À Saint-Germain-des-Prés, on ne marche pas. On se déplace tout en élégance, un peu comme si on était transporté par un nuage. À Saint-Germain-des-Prés, on est sérieux même quand un rire nous échappe. À Saint-Germain-des-Prés, on a de l’assurance. On n’est pas n’importe qui puisqu’on évolue sur les traces des intellectuels de gauche.

Au début des années 2000 et plus récemment aussi, j’ai pu explorer les autres arrondissements de Paris. Je vous assure qu’en dehors de Saint-Germain-des-Prés, les habitants se comportent de manière bien différente.

À Saint Lazard, on ne marche pas. On court pour espérer ne pas être étouffé par les autres. À Barbès, on rit à gorge déployée. Dans la station du Châtelet, on a le regard apeuré : quelle panne va avoir le RER B ?

Paris sera toujours Paris

Mais voilà quand les Parisiens et les banlieusards arrivent sur l’île aux Moines, une métamorphose s’est opérée.

Je crois que cette transformation des Parisiens de la classe moyenne en Parisiens débordants d’arrogance s’effectue sur cette fameuse aire d’autoroute où on méprise mon Pripri.

Je suis à peu près certaine d’en avoir vu un entrer dans les toilettes avec son chèche en lin de Saint-Germain-des-Prés et en ressortir avec sa tenue de parisien de Bretagne.

C’est bien à leur look que n’importe quel petit provincial peut les reconnaitre : chemise en lin avec manches retroussées aux coudes, bermuda et chaussures bateaux. Mesdames les Parisiennes d’à côté du périf, elles, en ont que pour les robes en liberty.

Et là sur l’ile aux Moines, de peur que des petits provinciaux ne débusquent leur imposture, ils se regroupent avec leurs têtes blondes ignorant qu’une provinciale les observe.

Anne-Lise

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Voilà plus de 15 ans que j’écris des histoires plus ou moins proches d’anecdotes personnelles vécues. Avec les mots, je transforme un quotidien somme toute très ordinaire en épopée digne des plus grands chevaliers.

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