La mode et moi, nous sommes unies comme les dix orteils des pieds. Pas une journée sans que je me demande pourquoi donc j’ai fait un doctorat de psycho au lieu de faire une école de mode. Pas une.
Chaque jour, dès 19h30, j’arpente de long en large et en travers mon dressing à la recherche de la tenue idéale pour le lendemain. Parfois, je me lève la nuit pour faire tourner une machine, puis me réveil vers 4h pour la faire sécher et à 6h30 quand sonne le réveille, je bondis sur le fer à repasser pour rendre impeccable la tenue qui reflétera mon humeur du jour, ma personnalité la plus profonde.
Bref, tous les jours ou presque, je porte un jean et un tee-shirt.
Le teint gris et les cheveux hirsutes, je me rendais à la Fabrique. Enfermée dans ma voiture cherchant vainement une radio sans pub, sans jeux et sans information, je m’aperçois que mon manteau avait une gueule encore pire que la mienne. Dix jours que Monoprix m’envoyait des mails quotidiens pour me dire combien j’étais une cliente précieuse et qu’à ce titre je pouvais bénéficier de ventes privées hyper secrètes. Je finis ainsi par céder à ces insoutenables tentations.
Le soir même, j’entre dans Monop’. Je prends au pif deux manteaux: un gris bleuté et un bleu grisé. J’hésite pendant 15 minutes dans la cabine, fais mon choix et vais à la caisse. Quand soudain des vibrations telluriques intenses m’envahisse et me guident à nouveau vers le rayon veste d’hiver. Je m’empare alors d’un caban corail.
Et voilà comment depuis une semaine, j’en suis venue à avoir une voire deux conversations par jour autour de ma tenue vestimentaire. Si ça c’est pas être fashionista?
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