Faire bouger la classe : 4 ateliers avec les Rory’s Story Cubes

Cette année, j’ai été assez désespérée par mes deuxièmes années de BTS.
Beaucoup de passivité, des visages qui attendent la bonne consigne pour commencer à écrire, peu d’initiatives… et surtout, lors de la première correction, la découverte qu’ils n’avaient presque rien produit l’an dernier, à part quelques exposés oraux.
Bref, il fallait reprendre les bases : le travail sur la langue, le vocabulaire, l’orthographe, la méthode d’argumentation.

Mais comment redonner envie de s’impliquer quand on a perdu l’habitude de produire ?
Comment les amener à se remettre en mouvement, à redevenir acteurs de leur apprentissage ?

C’est là qu’est née l’idée des ateliers autonomes avec les Rory’s Story Cubes.

Pourquoi ce choix

Les Rory’s Story Cubes sont à la fois simples, ludiques et ouverts.
Ces dés illustrés permettent de déclencher l’imaginaire, de désinhiber l’écriture, et surtout d’amener les étudiants à mobiliser activement la langue sans le poids de la “bonne réponse”.

J’ai donc conçu quatre ateliers indépendants, chacun centré sur une compétence essentielle mais transversale :

• enrichir le vocabulaire
• retravailler l’orthographe
• structurer une argumentation
• manier les connecteurs logiques

Chaque atelier repose sur le même principe : des consignes claires, du travail en autonomie et une restitution sur feuille libre.
Cela permet aux étudiants d’avancer à leur rythme, tout en gardant une trace tangible de leur progression.

Les quatre ateliers en pratique

1. Explorer le vocabulaire

À partir des cubes tirés, les étudiants notent les mots qui leur viennent, puis cherchent synonymes, dérivés et expressions.
L’objectif est de découvrir des mots nouveaux et de les réutiliser dans une phrase.
Un travail simple, mais efficace pour réactiver la curiosité lexicale et l’usage du dictionnaire (papier ou numérique).

2. Réviser l’orthographe autrement

Ici, chaque cube déclenche une phrase.
Les étudiants doivent ensuite transformer deux phrases (passé composé et futur simple) et procéder à une relecture croisée.
Ce moment d’échange est précieux : ils prennent conscience de leurs erreurs, et surtout, des mécanismes récurrents à corriger.

3. Argumenter avec les cubes

Trois images, une question de société, deux positions à défendre.
Les étudiants apprennent à formuler une thèse, une antithèse et à illustrer leurs propos par un exemple concret.
C’est une excellente porte d’entrée vers les écrits argumentatifs du BTS, sans la rigidité de la dissertation.

4. Jouer avec les connecteurs logiques

Dernier atelier : construire un paragraphe cohérent en mobilisant au moins cinq connecteurs logiques.
Je leur ai ajouté un tableau de référence classant les connecteurs selon leur fonction (ajouter, opposer, expliquer, conclure).
Cela permet de visualiser la logique du discours, souvent mal maîtrisée.

En pratique

Chaque groupe tire ses dés, travaille en autonomie et rend une feuille libre par atelier.
Ce dispositif simple me permet de circuler, d’observer, de guider, tout en responsabilisant les étudiants.
Ils reprennent confiance dans leur capacité à produire du texte, à chercher un mot, à corriger une faute — bref, à réinvestir la langue.

Et moi, je retrouve un peu de plaisir à les voir écrire, rire, débattre, chercher un mot juste… sans que tout parte d’un PowerPoint ou d’un corrigé type.