Ces derniers jours, j’ai repris la route pour une nouvelle étape de mon tour de France de la formation.
🎒 Trois jours en région PACA, dans le cadre du projet Clé en main porté par l’ISFEC Saint Cassien et financé par Formiris, pour former les enseignants et formateurs à l’usage de l’intelligence artificielle en éducation.
À chaque session, la même remarque revient :
« Vous devriez faire un one-man show ! »
Oui, je fais rire les enseignants.
Oui, parfois je joue les clowns.
Mais quand on connaît les chiffres de la santé mentale dans l’éducation, on comprend vite que le rire n’est pas anecdotique.
C’est un acte pédagogique et éthique.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Le baromètre UNSA Éducation 2025 dresse un constat sans appel :
- 90 % des enseignants aiment leur métier,
mais seuls 73 % disent encore être heureux de l’exercer (contre 81 % en 2018). - 67 % jugent leurs conditions de travail insatisfaisantes.
- 37 % souhaitent quitter la profession, dont un quart vers le privé.
- Et 96 % estiment que leur métier n’est pas reconnu.
Pourquoi je fais rire dans mes formations
Parce qu’on n’apprend pas bien dans la peur.
Parce qu’on ne change pas de posture professionnelle sous la pression, mais dans la confiance et la curiosité.
Parce que rire, c’est relâcher la tension cognitive et émotionnelle, c’est ouvrir la possibilité de réfléchir autrement.
Quand je parle d’IA en formation, j’essaie toujours d’en faire un espace d’oxygène.
L’IA interroge, inquiète, fascine ; elle bouleverse nos pratiques.
Mais elle ne doit pas ajouter de la peur à la fatigue.
L’humour devient alors un outil de reliance : il rassemble, humanise la technologie et redonne envie d’apprendre.
Utiliser l’IA pour retrouver du souffle (et du sens)
Dans mes formations, j’insiste sur deux points essentiels.
🧠 Premier point : utiliser l’IA comme un assistant, pas comme un substitut.
Quand elle est bien utilisée, l’IA aide à brainstormer, à structurer une idée, à débloquer une consigne.
Elle permet de retrouver de la créativité et, surtout, de la joie dans son métier.
Cette petite étincelle qui rappelle pourquoi on a choisi d’enseigner ou de former : pour penser, créer, transmettre.
⏳ Deuxième point : l’IA fait gagner du temps.
Mais l’enjeu, c’est ce qu’on fait de ce temps gagné.
Pas pour enchaîner plus de tâches, ni pour corriger jusqu’à minuit.
Non : pour souffler, se ressourcer, reprendre le temps d’enseigner avec plaisir.
L’IA ne doit pas devenir une béquille de productivité, mais un levier d’équilibre.
Former à l’IA, oui… mais sans oublier les humains
À force de parler de transformation numérique, on en oublierait presque l’essentiel : ce sont les enseignants et formateurs qui transforment l’école, pas les algorithmes.
Former à l’IA, c’est bien.
Mais prendre soin de celles et ceux qui forment, c’est vital.
Aucun modèle pédagogique ne tiendra sans énergie humaine, sans désir de transmettre, sans ce lien fragile mais essentiel entre un formateur et son public.
C’est pour cela que mes formations sur l’IA ne se contentent pas d’apprendre où cliquer.
Elles invitent à penser avant de cliquer, à comprendre ce que cela change dans la relation, dans la charge mentale, dans la posture éducative.
Et si, au fond, rire ensemble pendant une formation sur l’IA, c’était déjà une forme d’intelligence collective ?
En guise de conclusion
Je repars de cette tournée en PACA avec une conviction renforcée :
on ne formera pas à l’IA sans redonner confiance et envie d’apprendre à ceux qui éduquent.
Alors oui, parfois, il faut un peu d’humour pour parler de sujets sérieux.
Et si cela fait de moi une « conférencière-clown », j’en suis plutôt fière.
Parce que derrière chaque éclat de rire, il y a peut-être une étincelle de sens retrouvée.
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