L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de l’éducation suscite des réactions contrastées parmi les étudiants. Si certains sont fascinés par ses capacités, d’autres expriment une certaine appréhension face à cette technologie qui bouleverse les pratiques académiques traditionnelles. Cette ambivalence se manifeste de manière particulièrement marquée dans certains domaines, comme le droit, où la crainte du plagiat et la remise en question de la propriété intellectuelle exacerbent les tensions. Dans cet article, nous explorerons les multiples facettes de l’IA en tant que source de dissonance cognitive, outil pédagogique et miroir de notre humanité.
IA comme source de dissonance : entre fascination et rejet
L’introduction de l’IA dans l’éducation ne laisse pas les étudiants indifférents. Si certains sont fascinés par ses capacités, d’autres expriment un malaise certain. Dans un précédent article, j’ai mentionné que 14 % des étudiants en droit, contrairement aux autres disciplines, ressentent de l’angoisse face à l’IA. Cette appréhension s’explique en partie par la peur du plagiat et la remise en question de la propriété intellectuelle. L’idée qu’une machine puisse produire du discours, et donc potentiellement se substituer à l’humain dans une activité aussi personnelle que l’écriture, est source de tensions.
L’acte d’écrire face à la froideur de l’IA : une dissonance affective
Les travaux de Strauss-Raffy rappellent que l’acte d’écrire est intrinsèquement lié à l’affectivité : il implique une prise de risque, une mise à nu de soi. Or, l’IA, en automatisant l’écriture, prive l’étudiant de ce rapport intime et psychoaffectif au langage. C’est dans ce décalage entre la froideur de la machine et l’engagement émotionnel inhérent à l’écriture que naît une dissonance.
L’IA comme outil pédagogique : entre critique et innovation
Au-delà de la production textuelle, l’IA offre un potentiel pédagogique important, notamment pour développer la « pensée informatique » et l’esprit critique. L’utilisation de l’IA peut être un outil précieux pour développer l’esprit critique des étudiants. En étant confrontés aux limites des algorithmes, notamment aux biais, les étudiants prennent conscience de la nécessité d’une analyse critique des informations et des productions de l’IA.
Vers une nouvelle humanité?
L’IA, en nous confrontant à nos propres limites, nous invite également à redéfinir ce qui fait notre humanité. Plutôt que de craindre un remplacement, il s’agit de distinguer ce qui relève de l’humain (donner du sens, créer, ressentir) et ce que l’IA peut prendre en charge (calcul, traitement de données). L’expérience subjective, en révélant les limites de l’IA, permet ainsi de repenser la place de la subjectivité, de la créativité et de l’esprit critique dans l’éducation.
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