Rapport à l’écrit : comment l’IA transforme les étudiants en informatique

Dans un monde où l’intelligence artificielle s’immisce dans nos claviers, bouleversant nos habitudes d’écriture, une question émerge : comment évolue le rapport à l’écrit de nos étudiants face à cette révolution silencieuse ?

Cet article explore les défis et les opportunités que présente l’IA dans l’enseignement de l’écriture, en particulier pour les étudiants qui déclarent ne pas apprécier cette activité.Les enjeux sont multiples et significatifs :

  1. Comprendre comment le rapport à l’écrit se construit et évolue dans un contexte où l’IA est omniprésente.
  2. Identifier les compétences rédactionnelles qui resteront essentielles malgré l’avancée de l’IA.
  3. Anticiper les transformations des pratiques d’écriture et adapter nos méthodes d’enseignement en conséquence.
  4. Préparer les étudiants à un environnement professionnel où la maîtrise de l’écrit demeure cruciale, même avec l’assistance de l’IA.

À travers une étude menée auprès d’étudiants en informatique, cet article offre des pistes de réflexion et des outils pratiques pour les formateurs confrontés à ces nouveaux défis. Il propose une analyse approfondie du rapport à l’écrit de ces étudiants et explore les implications de l’IA sur leurs pratiques d’écriture futures. En tant que formateurs, comprendre ces enjeux nous permettra de mieux accompagner nos étudiants dans le développement de compétences rédactionnelles adaptées à l’ère de l’IA, tout en valorisant l’importance de l’expression personnelle et de la créativité humaine.

Comprendre le rapport à l’écrit : une approche théorique

L’appropriation de l’écrit constitue un cadre théorique pertinent pour analyser les difficultés rencontrées par certaines personnes avec l’écrit. Cette théorie va au-delà de la simple évaluation des compétences techniques en lecture et en écriture, en prenant en compte le lien particulier que ces personnes entretiennent avec l’écrit. Il s’agit souvent d’un rapport marqué par des représentations fragmentées et incomplètes, qui influencent leur manière d’utiliser et de comprendre cet outil complexe.

Ce cadre met également en lumière l’influence du contexte social : l’appropriation de l’écrit n’est pas uniquement un processus cognitif. Elle est intimement liée aux pratiques sociales et aux expériences vécues. Les personnes en difficulté ont souvent évolué dans des contextes d’apprentissage peu stimulants, marqués par des normes linguistiques strictes, contribuant ainsi à un rapport négatif à l’écrit.

Un rapport négatif à l’écrit : sources et manifestations

Ce rapport négatif constitue un frein majeur à l’apprentissage. Plusieurs facteurs peuvent expliquer son origine :

  • Un enseignement centré sur les aspects formels : L’accent traditionnellement mis sur les règles grammaticales et l’orthographe, au détriment des dimensions communicationnelles de l’écrit, peut générer chez les élèves un sentiment d’échec et de dévalorisation. Des chercheurs comme Bautier (1995) et Barré de Miniac (2000, 2002) ont bien mis en évidence cette influence.
  • Des expériences scolaires négatives : Les évaluations et jugements sur les compétences en écriture, souvent vécus de manière négative à l’école, laissent une empreinte durable sur le rapport à l’écrit (Besse et al., 2004).
  • La peur du jugement et de la stigmatisation : Les personnes en difficulté craignent le regard des autres sur leurs lacunes, ce qui les conduit à éviter les situations où l’écriture est requise (Besse et al., 2004).

Ces obstacles se manifestent de diverses manières :

  • Évitement de l’écriture : La peur de l’échec et du jugement pousse ces personnes à éviter les tâches d’écriture, y compris dans des situations quotidiennes simples.
  • Focalisation sur les aspects formels : Le rapport négatif entraîne une fixation excessive sur l’orthographe ou la calligraphie, souvent au détriment du contenu et du sens.
  • Faible estime de soi : Ce sentiment d’incompétence peut nuire à la confiance en soi dans d’autres domaines de la vie, rendant difficile toute perspective d’amélioration.
  • Difficulté à se projeter dans l’apprentissage : Pour ces personnes, l’écrit est souvent associé à des échecs passés, ce qui rend difficile d’envisager un réapprentissage, même lorsque le besoin est ressenti.

Caractéristiques du rapport à l’écrit des personnes en difficulté

Dans mes recherches, ces personnes présentent des spécificités dans leur rapport à l’écrit, notamment :

  • Difficulté à utiliser l’écrit comme outil de réflexion : Elles peinent à concevoir l’écrit comme un moyen d’organiser leurs idées ou de résoudre des problèmes.
  • Importance des aspects matériels : La calligraphie, l’orthographe ou la mise en page prennent souvent le pas sur le contenu, freinant ainsi l’expression écrite.
  • Rapport ambivalent à l’outil informatique : Les jeunes en difficulté voient souvent l’ordinateur comme une solution miracle, tandis que les adultes perçoivent l’informatique comme un simple substitut au papier.
  • Un développement possible après la scolarité : Malgré ces difficultés, certains parviennent à développer une meilleure maîtrise de l’écrit après avoir quitté le système scolaire, en prenant conscience de sa fonction communicative.

L’impact de l’intelligence artificielle sur le rapport à l’écrit

Aujourd’hui, l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) pourrait bien faire évoluer le rapport à l’écrit. Travaillant avec des étudiants en informatique, j’anime des modules de communication écrite. Or, ces étudiants semblent éprouver des difficultés particulières avec la production écrite, souvent jugée laborieuse. Afin de mieux comprendre leur rapport à l’écrit, voici quelques pistes de recherche :

  1. Redéfinition des compétences perçues comme faciles ou difficiles : L’intégration de l’IA pourrait modifier la perception des aspects de l’écriture. Si l’anxiété liée aux aspects formels diminue, les défis autour de la créativité et de l’expression personnelle pourraient, eux, s’accroître.
  2. Évolution du rapport émotionnel à l’écriture : L’IA pourrait également modifier la relation émotionnelle des étudiants à l’acte d’écrire. Si elle réduit l’anxiété, elle pourrait en revanche poser des questions nouvelles sur l’authenticité et l’identité de l’auteur.

Un dispositif de recueil de données : le World Café

Dans le cadre de cette étude, une méthodologie de type World Café a été mise en place dans trois classes d’étudiants en informatique. Le processus se déroule en plusieurs étapes :

  1. Division en sous-groupes : Le grand groupe est divisé en plusieurs sous-groupes de discussion.
  2. Travail en session de 5 minutes : Chaque sous-groupe se concentre pendant 5 minutes sur une question spécifique, inscrite à une table dédiée.
  3. Rotation entre les tables : Une fois le temps écoulé, les groupes changent de table et prennent connaissance des réponses laissées par les groupes précédents. Ils complètent ou ajoutent de nouvelles idées avant de poursuivre la rotation jusqu’à avoir exploré toutes les questions.

Le world café s’organise autour de cinq thématiques clés pour recueillir les réflexions des étudiants :

  • Table 1 : À quoi ça sert d’écrire ? Qu’est-ce qui est facile ou difficile pour vous en écriture ?
  • Table 2 : Comment vos compétences en écriture influencent-elles votre collaboration avec vos collègues ou vos clients ?
  • Table 3 : Pensez-vous que l’IA peut remplacer l’humain dans certaines situations ? Si oui, lesquelles ?
  • Table 4 : Quelles compétences en écriture resteraient essentielles à développer malgré l’IA ?
  • Table 5 : Comment envisagez-vous l’impact de l’IA sur votre manière d’écrire dans les années à venir ?

Ce dispositif permet de mieux comprendre comment les étudiants perçoivent l’écriture et les transformations à venir avec l’IA.

Population étudiée

  • Groupe A : 34 étudiants en Bac +3
  • Groupe B : 7 étudiants en Bac +1
  • Groupe C : 10 étudiants en Bac +2

Résultats

Table 1 : À quoi ça sert d’écrire ? Qu’est-ce qui est facile ou difficile pour vous en écriture ?

Cette première table explore les fonctions de l’écriture et les perceptions des étudiants sur ce qui est facile ou difficile dans cette pratique. Il s’agit de comprendre comment les différentes compétences en écriture sont perçues en fonction des expériences individuelles et du rôle que l’écriture joue dans la communication, l’expression personnelle, et la structuration des idées. Cette discussion révèle des points communs entre les groupes, ainsi que des différences marquées dans la manière dont chacun perçoit les défis liés à l’écriture.

Points communs

  1. L’écriture comme moyen de communication
    Tous les groupes s’accordent sur l’importance de l’écriture comme outil de communication. Le groupe A mentionne qu’elle facilite la transmission d’informations et d’émotions, le groupe B insiste sur l’expression des idées de manière directe ou indirecte, et le groupe C voit l’écriture comme un moyen de se comprendre entre individus.
  2. Organisation et structuration des idées
    Les trois groupes reconnaissent que l’écriture aide à ordonner les idées. Pour le groupe A, elle permet de structurer la pensée, pour le groupe B, elle aide à clarifier et organiser les idées, et pour le groupe C, elle permet de donner des étiquettes à nos sentiments, actions et environnement.
  3. Difficultés liées à l’expression et à la compréhension
    Tous les groupes mentionnent des difficultés à s’exprimer clairement ou à rendre leur message compréhensible. Le groupe A évoque la difficulté de mettre des mots sur ses pensées, tandis que le groupe C parle de se faire comprendre de tous, et le groupe B pointe la difficulté de raconter des histoires complexes.
  4. Créativité et expression personnelle
    Les groupes partagent une perception commune de l’écriture comme un moyen d’exprimer ses émotions et sa créativité. Le groupe A insiste sur la capacité à transmettre des émotions, le groupe C sur l’expression créative, tandis que le groupe B évoque l’expression des idéologies.

Différences

  1. Fonction éducative et cognitive de l’écriture
    Le groupe A met particulièrement l’accent sur l’écriture comme un outil d’apprentissage, d’instruction et de cultivation de l’esprit critique, tandis que les groupes B et C se concentrent davantage sur son rôle de communication et d’expression. Le groupe C, cependant, ajoute une dimension cognitive plus physique, en mentionnant le rôle de l’écriture dans le travail du cerveau et du poignet.
  2. Difficultés spécifiques liées à la forme
    Les groupes A et C évoquent des difficultés plus formelles liées à l’écriture. Le groupe A parle de trouver un sujet d’écriture intéressant, tandis que le groupe C met en avant les obstacles liés à l’orthographe et au vocabulaire. Le groupe B, quant à lui, ne mentionne pas ces aspects formels de manière explicite, mais insiste sur la complexité de raconter des histoires complexes.
  3. Facilité perçue
    Pour le groupe A, trouver un sujet d’écriture est facile, tandis que le groupe C trouve qu’écrire ses pensées est relativement simple. Le groupe B, en revanche, ne précise pas d’aspect facile particulier, se concentrant plutôt sur les enjeux d’organisation et de complexité narrative.

Table 2 : Comment vos compétences en écriture influencent-elles votre collaboration avec vos collègues ou vos clients ?

À cette table, la réflexion se concentre sur l’impact des compétences en écriture dans le cadre professionnel et collaboratif. L’objectif est d’identifier comment une bonne maîtrise de l’écrit peut améliorer la communication avec les collègues ou les clients, et comment elle influence la crédibilité et la qualité des relations professionnelles. Les trois groupes ont abordé la question de l’influence des compétences en écriture sur la collaboration avec leurs collègues ou clients, mettant en évidence à la fois des points communs et des différences dans leurs réponses.

Points communs :

  1. Importance de la clarté et de la lisibilité
    Tous les groupes s’accordent sur le fait que la clarté et la lisibilité des écrits sont essentielles pour une communication efficace. Le groupe A mentionne que des erreurs de syntaxe et d’orthographe peuvent nuire à la compréhension, tandis que le groupe B souligne l’importance de l’aspect visuel, et le groupe C évoque comment une communication claire favorise la compréhension.
  2. Influence sur la crédibilité et la confiance
    Les réponses des groupes A et B insistent sur l’importance de la maîtrise de l’écriture pour inspirer confiance et établir la crédibilité. Le groupe C complète cette idée en soulignant que la transparence dans la communication écrite contribue à se faire respecter.
  3. Impact sur la collaboration et les relations interpersonnelles
    Les trois groupes reconnaissent que de bonnes compétences en écriture améliorent la collaboration. Le groupe A évoque la nécessité d’une bonne communication pour éviter des malentendus, le groupe B souligne que la bonne présentation donne envie d’être consultée, et le groupe C mentionne que la qualité des échanges écrits crée des liens positifs et réduit les tensions.

Différences :

  1. Accent sur les émotions et l’ambiance
    Le groupe C se distingue par son accent sur les émotions, l’ambiance et la tension dans les relations de travail. Il met en avant comment une bonne communication écrite peut contribuer à la bonne humeur et à l’efficacité des interactions, un point moins présent chez les autres groupes.
  2. Perception des écrits produits par l’IA
    Le groupe B est le seul à mentionner la perception des écrits produits par l’IA, notant qu’ils peuvent susciter des doutes en raison de leur perfection. Cette préoccupation n’est pas abordée par les groupes A et C.
  3. Rôle spécifique dans la négociation
    Le groupe C se focalise également sur le rôle des compétences en écriture dans la négociation, ce qui n’est pas explicitement évoqué par les autres groupes. Pour eux, une bonne écriture facilite la négociation et contribue à une meilleure compréhension des enjeux.

Table 3 : Pensez-vous que l’IA peut remplacer l’humain dans certaines situations ? Si oui, lesquelles ?

Cette table aborde la question cruciale du rôle de l’IA et des limites de son remplacement par rapport à l’humain. L’objectif est de comprendre dans quelles situations les étudiants estiment que l’IA peut être un substitut efficace, et là où elle échoue en raison des compétences humaines uniques. Les discussions révèlent des points communs sur les limites de l’IA, notamment dans les domaines émotionnels et créatifs, ainsi que des différences sur les perceptions de ses applications pratiques.

Points communs

  1. Reconnaissance des limites de l’IA
    Tous les groupes s’accordent à dire que l’IA a des limitations importantes, surtout dans des domaines qui nécessitent une compréhension émotionnelle, de l’empathie ou des dilemmes moraux. Aucune des réponses ne soutient que l’IA pourrait remplacer complètement l’humain dans des contextes relationnels ou émotionnels.
  2. Domaines d’application spécifiques
    Les groupes identifient tous des domaines où l’IA pourrait être utilisée ou intégrée, tels que la sécurité, la construction, ou des tâches organisationnelles. Cela montre une certaine unanimité sur le fait que l’IA est perçue comme un outil d’assistance plutôt que de remplacement intégral.
  3. Éducation et créativité
    L’éducation et la créativité sont mentionnées par plusieurs groupes comme des domaines critiques où l’IA pourrait intervenir, mais où son efficacité serait limitée. Le groupe A évoque l’éducation et la transmission d’émotions, tandis que les groupes B et C discutent de l’IA dans des contextes créatifs.

Différences

  1. Perspective sur l’IA dans des tâches physiques
    Le groupe B met l’accent sur l’utilisation de l’IA dans des travaux physiques, comme la construction, ce qui n’est pas évoqué par les autres groupes. Les groupes A et C, en revanche, se concentrent davantage sur les interactions humaines et les compétences émotionnelles.
  2. Approche de la créativité
    Le groupe B mentionne que l’IA pourrait être impliquée dans des activités créatives, mais souligne qu’elle n’est capable que d’imiter ce qui existe déjà. Le groupe C aborde également la créativité, mais insiste sur le fait que l’IA ne peut pas comprendre le contexte émotionnel ou littéraire, ce qui limite sa capacité à produire des œuvres authentiques. Le groupe A ne met pas l’accent sur la créativité, mais plutôt sur l’assistance.
  3. Importance de l’évolution de l’IA
    Le groupe C souligne que l’IA ne peut évoluer qu’en présence d’humains, ce qui implique une dépendance fondamentale de l’IA à l’égard de l’intelligence humaine. Cette idée n’est pas explicitement mentionnée par les groupes A et B, qui se concentrent davantage sur les applications et les limites pratiques de l’IA.

Table 4 : Quelles compétences en écriture resteraient essentielles à développer malgré l’IA ?

À cette table, les participants sont invités à réfléchir sur les compétences en écriture qui resteront incontournables malgré l’évolution de l’IA. Il s’agit de déterminer quelles capacités humaines seront toujours nécessaires et irremplaçables, notamment dans les domaines de la créativité, de la réflexion critique et de l’expression émotionnelle. Si tous les groupes s’accordent sur l’importance de la créativité, des différences apparaissent dans leur approche des compétences techniques et dans la prise en compte des nouvelles technologies.

Points communs

  1. Créativité et originalité :
    • Tous les groupes s’accordent à dire que la créativité et la capacité à générer de nouvelles idées sont des compétences essentielles. Le groupe A souligne la nécessité de l’imagination et de la création, tandis que le groupe B insiste sur le fait que l’IA a des limitations dans la création de nouvelles histoires. Le groupe C abonde dans ce sens en affirmant que l’IA ne pourra pas remplacer l’humain dans la création d’idées.
  2. Émotion et communication :
    • Les réponses mettent en avant l’importance de la communication des émotions. Le groupe A parle d’émotion et de personnalité, le groupe C insiste sur le besoin d’exprimer des émotions et des intentions, et bien que le groupe B ne l’aborde pas directement, il implique que la créativité est liée à l’émotion.
  3. Réflexion et pensée critique :
    • Tous les groupes soulignent la nécessité de la réflexion et de la pensée critique. Le groupe A mentionne l’auto-critique et la prise de recul, tandis que le groupe B fait référence à la réflexion nécessaire dans la prise de notes. Le groupe C renforce l’idée que l’écriture doit impliquer un processus de pensée, surtout lors de l’argumentation.

Différences

  1. Approche des compétences techniques :
    • Le groupe A met l’accent sur des compétences variées, y compris des formes d’art comme la poésie et le théâtre, suggérant une approche artistique de l’écriture. Le groupe B, quant à lui, se concentre davantage sur la création d’idées nouvelles et sur ce que l’IA ne peut pas accomplir. Le groupe C mentionne des compétences techniques spécifiques, comme l’écriture manuelle et l’apprentissage des prompts, suggérant une approche plus pratique et liée à l’interaction avec la technologie.
  2. Dimension technologique :
    • Le groupe C évoque l’importance d’apprendre à écrire des prompts pour interagir avec l’IA, une compétence qui n’est pas mentionnée par les autres groupes. Cela indique une prise de conscience plus marquée de l’impact de la technologie sur l’écriture.

Table 5 : Comment envisagez-vous l’impact de l’IA sur votre manière d’écrire dans les années à venir ?

La dernière table se penche sur les implications de l’IA dans le futur de l’écriture, en explorant les perceptions des étudiants quant à l’évolution de leurs pratiques d’écriture. Les discussions s’orientent autour des avantages et des inconvénients de l’IA, en particulier sur la perte potentielle d’originalité, de compétences et d’autonomie. Cette table fait émerger des perspectives variées sur l’impact de l’IA, allant de l’efficience dans l’écriture à des préoccupations éthiques et sociétales plus larges.

  1. Perceptions de l’IA comme outil :
    • Groupe A : Les membres envisagent que l’IA pourrait rendre l’écriture moins nécessaire, avec des outils d’assistance et de correction qui pourraient entraîner une perte de créativité, de curiosité et de personnalité. Ils expriment des inquiétudes sur la diminution de la qualité de l’écriture.
    • Groupe B : Ils considèrent l’IA comme un outil d’aide pour améliorer la construction des phrases. Cependant, ils craignent qu’elle nuise à l’originalité et à la personnalité dans l’écriture, soulignant une approche plus équilibrée entre utilité et pertes potentielles.
    • Groupe C : Les participants reconnaissent que l’IA pourrait être forte et rapide, utile pour rédiger et corriger, devenant indispensable dans leur quotidien. Ils notent également les gains de temps, mais expriment des craintes sur la perte d’autonomie et de compétences.
  2. Inquiétudes communes :
    • Tous les groupes expriment des préoccupations concernant la perte d’originalité et de créativité. Le Groupe A et le Groupe B évoquent la possibilité que l’écriture devienne moins personnelle et plus générique. Le Groupe C souligne la perte de compétences et de l’autonomie, renforçant ces inquiétudes.
  3. Impact sur l’écriture et la communication :
    • Groupe A : Ils craignent une diminution de la qualité des écrits et un déclin dans l’usage de l’écriture manuscrite. Ils mentionnent également des problèmes liés à la syntaxe et à l’orthographe.
    • Groupe B : Ils estiment que l’IA pourrait contribuer à une meilleure construction des phrases, mais soulignent un impact négatif sur l’originalité.
    • Groupe C : Ils voient l’IA comme un moyen de gagner du temps et de rendre le processus d’écriture plus rapide et efficace, mais s’inquiètent aussi des conséquences telles que la fainéantise et le risque de dépendance.
  4. Conséquences sociétales et éthiques :
    • Groupe C aborde des préoccupations plus larges telles que la perte d’emplois et la surconsommation d’énergie, indiquant que les implications de l’IA vont au-delà de l’écriture personnelle.
    • Groupe A met l’accent sur les effets sur la communication et la crédibilité en milieu professionnel, tandis que Groupe B se concentre sur l’impact sur la confiance que l’on accorde aux écrits générés par l’IA.

Conclusion

L’étude du rapport à l’écrit des étudiants en informatique à l’ère de l’IA révèle des enjeux complexes et multidimensionnels pour les formateurs. Nos observations mettent en lumière plusieurs points cruciaux :

  1. L’émergence de nouvelles perceptions et attentes vis-à-vis de l’écriture, influencées par l’IA.
  2. La reconnaissance par les étudiants de l’importance continue des compétences rédactionnelles, même dans un contexte technologique avancé.

Ces résultats soulignent l’importance pour les formateurs de repenser leurs stratégies d’enseignement de l’écrit. Il s’agit non seulement de préparer les étudiants à utiliser efficacement les outils d’IA, mais aussi de cultiver les compétences qui resteront uniquement humaines : la créativité, l’esprit critique, et la capacité à communiquer avec nuance et empathie.

L’avenir de l’enseignement de l’écriture dans les filières informatiques réside dans un équilibre subtil entre l’exploitation des potentialités de l’IA et le développement des compétences rédactionnelles fondamentales.

Bibliographie

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    Presses universitaires du Septentrion.
  • Barré-de-Miniac, C. (2002). L’écriture personnelle, scolaire et professionnelle de lycéens
    de 17 à 21 ans. Pratiques, 115/116, 156-166.
  • Bautier, E. (1995). Pratiques langagière et pratiques sociales. Paris : L’Harmattan.
  • Bautier, E. (2001). Pratiques langagières et scolarisation. Revue française de pédagogie,
    137, 117-161.
  • Besse, J.-M., Allègre-Laforêt, M., Chalani, D., Monteremal, L. (2004) Etude-action auprès
    de jeunes supposés illettrés en région Rhône- Alpes. Rapport de recherche SIS (PsyEF)
    Université de Lyon

Anne-Lise

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