Il y a quelques jours, j’ai reçu un mail. Une femme me confiait :
« Cela fait 28 ans que je ne suis pas retournée à l’école. J’aimerais passer un BTS Gestion de la PME. J’ai besoin de votre aide concernant le nouveau thème de BTS 2026 sur les animaux et nous. J’ai beaucoup de difficulté à faire ressortir mon ressenti à l’écrit. Avez-vous des astuces ? »
Ce message, comme beaucoup d’autres, m’interpelle à double titre : en tant que formatrice, bien sûr, mais aussi comme professionnelle convaincue que reprendre des études est un acte courageux, souvent accompagné d’une histoire invisible.
Le thème 2026 : uniquement pour la deuxième année
Il est utile de rappeler que le thème de Culture Générale et Expression en BTS est annuel et ne concerne que la deuxième année. Celui de la session 2026 s’intitule : « Les animaux et nous : imaginer, connaître, comprendre l’animal ».
Le thème suivant, pour les étudiants passant l’épreuve en 2027, ne sera connu qu’au printemps 2026 via un bulletin officiel, généralement publié entre fin mars et début avril.
👉 Pour une future étudiante qui entre en première année, il est donc inutile de se plonger tout de suite dans ce thème. La priorité est ailleurs : poser des bases solides, construire un rapport de confiance avec l’écrit, et développer des compétences générales transférables.
Une première année pour se reconstruire comme apprenante
Accompagner un adulte qui reprend ses études, c’est tout sauf appliquer un programme standard. La première année de BTS est souvent une année de résilience.
De nombreux adultes qui s’engagent dans une formation post-bac après une longue pause ont en tête une image figée d’eux-mêmes comme « mauvais élève ». Ils traînent parfois les échos de phrases entendues il y a 20 ou 30 ans :
« Tu n’es pas faite pour les études. » – « Tu n’as jamais su écrire. » – « Tu n’as pas le niveau. »
Pour nous, formateurs, l’enjeu est alors autant cognitif qu’identitaire. Il s’agit d’aider ces apprenants à modifier la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes. Ce n’est pas parce qu’on a cru être « nul à l’école » qu’on l’est encore aujourd’hui. Depuis, la vie a enrichi ces personnes de compétences multiples, d’expériences professionnelles, de capacités d’adaptation. C’est sur ce socle qu’on peut bâtir une nouvelle posture d’apprenant.
Développer des méthodes de travail efficaces
Lorsqu’on accompagne des étudiants en alternance ou en reconversion, la question de l’efficacité est centrale. Le temps est compté, les journées sont longues, et il est souvent difficile de dégager des créneaux réguliers pour étudier.
Une de nos missions, en tant que formateurs, est donc d’outiller nos apprenants pour qu’ils puissent progresser avec peu de temps, mais de bonnes stratégies. Cela passe par des méthodes simples, reproductibles, autonomisantes.
👉 Je prépare d’ailleurs un article complémentaire sur l’organisation du travail en alternance.
Délier la plume : des rituels d’écriture accessibles à tous
L’un des freins majeurs, pour les adultes en reprise d’étude, reste l’écriture. Il ne s’agit pas ici d’enseigner la dissertation dès la rentrée, mais de recréer une relation fluide, incarnée, avec la langue écrite.
Voici quelques exercices progressifs que je propose à mes futurs étudiants, et que tout formateur peut facilement intégrer dans un plan de travail ou une fiche de suivi :
1. Trois phrases par jour
Un exercice ultra simple pour vaincre la page blanche. Peu importe le sujet, l’important est d’oser écrire, tous les jours.
2. Relecture à voix haute
Faire entendre ses propres phrases permet de développer la conscience syntaxique, de détecter les formulations bancales, et de gagner en clarté.
3. Lecture en marchant
Lire en marchant, en respectant chaque point et chaque virgule, ancre la ponctuation dans le corps. Cela aide les étudiants à ressentir le rythme de la langue et à écrire avec plus de justesse.
4. Écrire sur un fait d’actualité
Chaque semaine, proposer à l’étudiant de résumer un fait d’actualité en cinq phrases. Cela stimule la curiosité, la capacité à reformuler, et l’ouverture sur le monde.
5. Relecture grammaticale ciblée
Une fois le texte écrit, accompagner la relecture en deux temps :
- D’abord les accords dans le groupe nominal (déterminant + nom + adjectif)
- Puis les accords sujet-verbe
Ce rituel peut être ritualisé en atelier individuel ou en auto-formation accompagnée.
Accompagner, c’est aussi croire en la capacité de transformation
Réconcilier un adulte avec l’écrit, ce n’est pas uniquement enseigner des règles de grammaire. C’est l’inscrire dans une dynamique de réappropriation, lui redonner confiance dans sa capacité à penser, à structurer, à exprimer des idées avec sa propre voix.
En tant que formateurs, nous sommes là pour offrir un cadre bienveillant mais exigeant, où la progression est visible, valorisée, portée par la confiance mutuelle.
Et c’est souvent de là que naissent les plus belles réussites.
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