Quand l’intelligence artificielle fige les imaginaires collectifs
À l’heure où l’intelligence artificielle influence massivement les réseaux sociaux, les environnements de formation et nos représentations culturelles, il devient crucial d’interroger les effets des contenus générés automatiquement sur l’imaginaire humain. Les fameux « starter packs », ces montages viraux composés d’objets, de tenues et de clichés visuels, en sont une illustration frappante. Que disent-ils de notre époque ? De notre créativité à l’ère de l’IA ? Et comment former autrement, dans un monde saturé d’images préformatées ?
Derrière les clichés, des imaginaires recyclés
Sur les réseaux sociaux, les « starter packs » font rire. Ils rassemblent les attributs supposés d’un profil type, en quelques images clichées. On y croise le prof de philo en pull marine, l’étudiant en com armé de son tote bag, ou la formatrice IA entourée de schémas futuristes.
Mais derrière le clin d’œil humoristique se cache un véritable enjeu pour l’imaginaire numérique :
- Ces montages réduisent les identités à des stéréotypes,
- Ils figent les rôles avant même qu’ils aient été expérimentés,
- Et ils alimentent une créativité déjà-vue, préformatée, souvent mimée sur les contenus générés par IA.
L’IA, machine à stéréotypes et contenus prévisibles
Lorsque l’intelligence artificielle entre dans la danse, ce phénomène s’accentue. Les IA génératives produisent à la chaîne des contenus stéréotypés. Leur force ? Composer rapidement. Leur faiblesse ? Ne pas savoir rêver. Elles puisent dans des bases de données existantes, recombinent, copient, adaptent. Mais très rarement, elles inventent.
C’est ainsi qu’on se retrouve avec des imaginaires recyclés : des images prédictibles, des formats qui se répètent, des gestes qui imitent ce qui marche déjà.
Quand le cellophane devient prétexte à penser
Récemment, une collègue a partagé une expérience cocasse : après avoir montré un « starter pack » parodié dans lequel l’auteur s’était emballé dans du cellophane, ses étudiants ont voulu reproduire le geste. Une créativité spontanée, certes, mais aussi l’occasion rêvée de décaler le regard.
Et si on prenait ce moment pour ouvrir la discussion sur l’éthique de la création à l’ère numérique ?
- Qu’est-ce que ce geste raconte de notre rapport à l’image ?
- Est-ce vraiment une démarche créative ou une imitation mimée ?
- Quel est le coût environnemental d’une photo virale sous cellophane comparée à une image IA ?
Former, c’est réactiver l’imaginaire humain
L’IA n’est pas qu’un outil. Elle façonne nos références, nos imaginaires, nos gestes. Ce que nous imitons, partageons, mettons en scène porte la trace de cette culture du contenu formaté, où les algorithmes dictent les tendances.
Former à l’ère de l’IA, c’est donc plus que maîtriser des outils :
- C’est rouvrir des espaces d’imagination critique,
- C’est interroger ce qu’on crée, pourquoi, et comment,
- C’est cultiver l’imprévisible, l’émergence, la surprise.
Car l’imagination à l’ère de l’IA ne se limite pas à produire du nouveau. Elle nous invite à penser autrement, à sortir des cadres, à projeter l’inconnu.
Et dans un monde où les IA raffolent des catégories figées, cette liberté-là devient précieuse.
Et vous ? Comment stimulez-vous l’imaginaire de vos étudiants face aux contenus normés ? Avez-vous déjà utilisé ces moments de décalage pour aborder l’éthique, la création, ou l’impact environnemental en formation ?
N’hésitez pas à partager vos pratiques ou à me contacter si vous souhaitez que j’intervienne sur ces thèmes en formation ou en conférence.
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